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Le Blog de Fidèle Bwirhonde
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13 juillet 2014

11 JUILLET 1960 - 11 JUILLET 2014: LA SECESSION KATANGAISE EN MEMOIRE

La panique était sur les visages de la plupart des habitants de Lubumbashi comme tous les Katangais. Alors que l'insécurité rongée déjà suffisamment les citoyens, l'approche de la date du 11 juillet est venue s'en meler, rappellant la sécession du Katanga en 1960. La menace a semblé encore plus concrétisable face à la présence reconnue des rebelles "Bataka Katanga" pronnant la séparation du Katanga du reste de la RDC. Au coeur de la démarche, une convinction que la province ne reçoit pas du gouvernement centrale tout e qau'elle mérite par rapport à sa participation dans l'économie nationale de la RDC. Pour rafraichir vos mémoires, lisez cet article de Jean-Pierre BAT que j'ai intégralement pris pour vous ci-bas.

Le 11 juillet 1960, il y a 54 ans jour pour jour, moins de deux semaines après la proclamation officielle de l’indépendance du «Congo Léopoldville», la province du Katanga fait sécession et proclame unilatéralement son indépendance. La crise politique s’installe durablement et dégénère en véritable guerre civile. La question du Congo est inscrite dans les débats de l’ONU dès la session de 1960, et l’affaire se soldera notamment par l’assassinat de Lumumba en janvier 1961. Les chants de «l’indépendance cha-cha» du 30 juin 1960 sont bien loin…

SECESSION DU KATANGA *Carte conçue par Jean-Pierre Bat et réalisée par Vincent Hiribarren (Creative Commons)

«Scandale géologique», le Katanga est riche d’un sous-sol minier sans comparaison (notamment le cuivre de la copperbelt). À telle enseigne que les croisettes de cuivre sont devenues l’emblème officiel du Katanga séparatiste. Le docteur Moïse Tshombé, surnommé «Monsieur Tiroir-Caisse», prend la tête de cette sécession contre le pouvoir fédéral de Léopold ville. Au Katanga, son parti, la Conakat, s’impose face au parti adverse, la Balubakat. Économiquement, le leader katangais est soutenu par l’Union minière du Haut-Katanga (UMHK) – société coloniale belge associée à la puissante Société générale de Bruxelles et qui exploite les richesses minières katangaises.

Politiquement, Moïse Tshombé est appuyé par différentes organisations anticommunistes internationales qui craignent les ingérences soviétiques – directes ou via leurs alliés – au cœur de l’Afrique, à la faveur de la décolonisation. La nomination de Patrice Lumumba comme chef du gouvernement fédéral à l’indépendance a constitué un accélérateur de leurs craintes (la CIA et le MI6 britannique ont envisagé une opération «homo» à son encontre, c’est-à-dire une opération d’élimination physique). Régionalement, Tshombé peut compter sur quelques appuis, tels que la Rhodésie ou le Congo-Brazzaville. C’est depuis l’ancienne capitale de la France libre que Foccart fera discrètement gérer l’assistance française au projet de Moïse Tshombé par l’entremise de son missus dominicus, Jean Mauricheau-Beaupré, nommé conseiller du président Fulbert Youlou. Localement enfin, Moïse Tshombé parviendra à faire des émules : en 1961, Albert Kalondji décide de proclamer à son tour unilatéralement l’indépendance de son territoire, le Sud-Kasaï. Il se désigne aussitôt «empereur du Sud-Kasaï».

Dès le mois de septembre 1960, les premières conséquences de cette crise se font sentir. Elle aboutit, le 14 septembre, au premier coup d’État perpétré par Mobutu. Mais ce dernier, conscient de la complexité de la situation, attendra encore quelques années pour ne s’emparer du pouvoir qu’en 1965 : la guerre civile post-indépendance sera son échelle vers trois décennies de pouvoir dictatorial, soutenues successivement par Washington puis par Paris. Quant à Lumumba («Satan» dans le langage codé de militaires belges) qui cherchait à gagner Stanleyville et les partisans de Gizenga, il est finalement arrêté et envoyé au Katanga où il sera exécuté en janvier 1961.

En 1961, les mercenaires entrent en scène pour épauler la sécession du Katanga. Derrière les contingents de Sud-Africains, de Rhodésiens et de Belges se glissent quelques Français. Leur arrivée n’a rien d’innocent. Des vétérans de la guerre d’Indochine et de la bataille d’Alger, le colonel Trinquier et le capitaine Faulques, sont discrètement envoyés pour être l’œil et l’oreille de la France dans le marigot congolais. En septembre 1961, les mercenaires Européens mettent ainsi en déroute les troupes de l’ONU lors de la bataille d’Élisabethville (future Lubumbashi). Une figure mercenariale est révélée par cette crise : Bob Denard. Introduit par au Congo par des réseaux franco-africains anticommunistes, il est rapidement rendu célèbre avec son unité de mortiers, et fait partie des derniers à franchir la frontière rhodésienne en janvier 1963 une fois la défaite consommée. Denard restera, jusqu’en 1967 l’homme des services secrets français (SDECE) et de Mauricheau-Beaupré au Congo ex-belge. C’est d’ailleurs là qu’il gagne ses galons de «colonel».

Finalement, sous la pression conjuguée de l’ONU et de deux Grands (USA et URSS), Tshombé perd sa guerre aux premiers jours de 1963. La cause du Katanga sécessionniste est militairement et – surtout – politiquement perdue. Mais Tshombé reste le joker inavoué de Foccart au cœur de la crise congolaise. Il sera rappelé au pouvoir et deviendra le successeur de Lumumba au siège de Premier ministre entre 1964 et 1965… jusqu’à ce qu’il soit renversé et que Mobutu s’empare du pouvoir avec le soutien des États-Unis et tout particulièrement de l’homme de la CIA à Léopold ville : Larry Devlin. Quant à Jean Mauricheau-Beaupré, ardent défenseur du docteur Tshombé (dont il accompagne le retour au pouvoir en 1964), la sécession katangaise semble avoir tenu lieu de laboratoire à ses affaires africaines : depuis Abidjan où il est devenu conseiller du président Houphouët-Boigny, il est l’un des principaux architectes de la sécession du Biafra, au Nigeria, entre 1967 et 1970. ©libeafrica4.blogs.liberation.fr

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